Matthieu Dossevi a raccroché les crampons au terme la saison 2022/23 et un dernier passage au FC Versailles. L’ex international togolais, natif de Chambray-lès-Tours (France), est devenu consultant sur La Chaine L’Equipe. Et il continue de suivre l’actualité du football togolais.
Dans une interview accordée à Ouest Foot Afrique, Matthieu Dossevi est revenu sur sa carrière, son passage en équipe nationale du Togo, le choix de Daré Nibombé comme sélectionneur… Lisez plutôt !
Ouest Foot Afrique : Salut Matthieu. Treize ans de carrière et une retraite à 36 ans alors que vous paraissez encore jeune, pourquoi avez-vous décidé de raccrocher ?
Matthieu Dossevi : J’ai signé mon premier contrat pro à 20 ans, j’ai arrêté l’année dernière à 35…si mes calculs sont bon, cela fait 15 ans de carrière. La vie de footballeur est faite de beaucoup de sacrifices, surtout sur le plan familial et je n’avais plus envie d’infliger ses sacrifices à ma famille… J’avais surtout envie de stabilité. J’étais lassé de ça, même si effectivement j’aurai pu continuer encore quelques années. Et puis je reste content de ma longévité, peu de joueurs arrivent à rester 15 ans au plus haut niveau. Donc je puis m’arrêter la tête haute.
OFA : Le Man, Valenciennes, Toulouse, Amiens et bien d’autres clubs, en regardant dans le rétroviseur est-ce que vous avez des regrets sur votre carrière ?
MD : Non pas de regrets, je suis content du parcours effectué. Chaque expérience m’a fait grandir footballistiquement et humainement. J’ai pu jouer avec des grands joueurs, j’ai pu disputer des grandes compétitions, européennes, internationales…tout ce qu’un footballeur peut rêver. Juste un enfant qui a réussi à vivre de sa passion.
OFA : Quel est le moment le plus marquant de votre carrière en club ?
MD : Il y en a plein, mais la CAN 2017 au Gabon reste je pense un super moment dans ma carrière. Une super expérience humaine, de la qualification, jusqu’aux matchs de compétition. Jouer une compétition pour son pays, ça reste un moment exceptionnel.
OFA : Parlons à présent de la sélection. Vous avez longtemps défendu les couleurs du Togo, pensez-vous avoir tout donné pour ce maillot des Eperviers ?
MD : On peut toujours mieux faire c’est une certitude, mais je n’ai jamais triché en tout cas, j’ai toujours été disponible pour la sélection, qu’importe les rassemblements ou les déplacements, j’étais présent et prêt à défendre les couleurs et ça a toujours été un plaisir.
Matthieu Dossevi : « Meilleur moment avec les Eperviers : le dernier match à domicile pour la qualification à la CAN (ndlr, 2017 au Gabon) »
OFA : Votre meilleur et pire moment en sélection ?
MD : Meilleur moment : le dernier match à domicile pour la qualification à la CAN (ndlr, 2017 au Gabon). Avant cette journée, il fallait limite un miracle pour se qualifier et on va dire que les planètes se sont alignées et on a réussi à se qualifier. La communion, la joie, la fête avec les supporters ensuite, étaient vraiment un super souvenir. Pire moment : aucun.
OFA : Vous avez disputé la CAN 2017 au Gabon avec un but face au Maroc. Une anecdote à nous raconter ?
MD : Aucune anecdote particulière sur ce but…juste une grande fierté. Une super contre-attaque, une belle finition, c’était un magnifique souvenir.
OFA : Vous avez souvent fait l’objet de critiques dans la presse et auprès des fans, est-ce que cela a précipité votre retraite internationale ?
MD : Pas le souvenir d’avoir été critiqué plus que ça. La critique fait partie de tous les sports, mais j’ai reçu et reçois encore beaucoup de messages de gentillesse et bienveillance de la part des supporters que j’ai pu croiser en club et en sélection, et c’est ce qui me plaît le plus. Avoir laissé une belle trace, là où je suis passé.
OFA : Quel regard portez-vous de la sélection aujourd’hui ? Nibombé Daré est-il l’homme de la situation ?
MD : Je ne sais pas si c’est l’homme de la situation, mais je pense que ça va faire du bien à la sélection d’avoir un enfant du pays à sa tête. Il y a eu plusieurs entraîneurs étrangers qui se sont succédés, ça va faire du bien d’avoir un ancien international mener l’équipe.
OFA : Vous qui avez déjà joué avec les Éperviers et vous connaissez très bien la maison, que doit faire Nibombé Daré pour réussir sa mission avec la sélection togolaise ?
MD : Je pense qu’il doit s’inspirer des choses qui étaient bien avant et apporter sa touche personnelle. S’entourer d’un staff qui partage la même vision du foot que lui, et continuer d’œuvrer pour que la sélection soit dans les meilleures dispositions possibles. Ensuite, il doit apporter sa grande expérience en sélection pour inspirer la nouvelle génération.
Matthieu Dossevi : « Le Togo doit bien commencer les éliminatoires de la CAN 2025 »
OFA : Dans quelques jours, le Togo aborde les éliminatoires de la CAN 2025 face au Libéria et à la Guinée Équatoriale. Que pouvez-vous dire ?
MD : Bien commencer les éliminatoires et quasi une obligation pour espérer se qualifier. Optimiser un maximum, prendre le maximum de points tout de suite, pour ne pas être en retard et courir après les autres équipes ensuite. Il y a des joueurs de talents avec des anciens qui sont toujours là, ils ont une carte à jouer. J’ai confiance en eux.
OFA : Matthieu Dossevi est-il disponible à travailler avec le nouveau staff technique d’une manière ou d’une autre ?
MD : Je pense qu’il y assez de personnes bien plus compétentes que moi pour aider ou entourer la sélection. Je reste dorénavant le 1er supporter des Eperviers.
OFA : Dossevi consultant, on ne l’a pas vu venir. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire choix pour votre reconversion ?
MD : Au contraire, ceux qui me connaissent, m’ont souvent dit durant ma carrière que j’aurai peut-être un avenir dans les médias plus tard, car je m’exprimais plutôt bien, j’avais souvent beaucoup de recul sur tout, ce qui est plutôt une qualité. Le responsable de L’Équipe m’a contacté l’année dernière et m’a dit que mon profil l’intéresse, et donc je me suis dit, pourquoi pas. Et depuis, je prends beaucoup de plaisir à découvrir ce nouveau monde, ce nouveau métier. J’apprends, je découvre de nouvelles personnes et c’est très enrichissant.
OFA : Vous voyez-vous devenir entraîneur un jour ?
MD : Pourquoi pas, mais si tel est le cas, ça serait plus avec des jeunes…15/16 ans, avec la notion de transmettre, partager.
OFA : Votre mot de fin !
MD : Merci encore à tous les togolais qui m’ont suivi et encouragé durant ma carrière, en sélection et en club. J’espère revenir un de ces jours à Lomé avec ma famille, revoir tout le monde, et se remémorer des bons souvenirs autour d’une bière. Allez les Eperviers !!!
