Depuis 2017 et la retraite internationale de Kossi Agassa après la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Gabon, le Togo peine à trouver son nouveau gardien n°1. De Bassa Djeri à Malcolm Barcola en passant par Wassiou Ouro-Gneni et Steven Folly Mensah, les Éperviers n’ont toujours pas trouvé ce dernier rempart fiable.
C’est à 38 ans et après une CAN 2017 mouvementée pour lui avec la tentative d’incendie de son domicile à Lomé, suite à deux boulettes face au Maroc (défaite 3-1) en phase de groupes que Kossi Agassa a décidé de prendre sa retraite internationale. Après l’ancien portier de Reims, aucun autre gardien n’a réussi à s’inscrire sur la durée avec le Togo.
Bassa Djeri, le gardien au cure-dent
Étincelant à Gbikinti de Bassar (D1 Togolaise) lors de la saison 2016-2017, Bassa Djeri Sabirou sera convoqué dans un premier temps par Claude Le Roy en équipe A puis avec les Éperviers locaux de Jean-Paul Abalo. Il fêtera ensuite sa première sélection avec le Togo le 11 juin 2017 à Blida contre l’Algérie (défaite 1-0) lors de la première journée des éliminatoires de la CAN 2019. S’il a fait quelques arrêts décisifs avant d’encaisser, c’est surtout le cure-dent qu’il a gardé dans sa bouche tout au long de la rencontre qui a volé la vedette à sa performance. Mais ce spectacle ne va pas durer avant que les premiers doutes ne s’installent.
Transféré au Coton Sport de Garoua (Cameroun) la même année, les premières critiques ont commencé par tomber sur Bassa Djeri en sélection dès 2018. Lors de la trêve internationale de septembre, Claude Le Roy le décrivait comme « Un talent naturel incroyable mais qui, dans sa technique de gardien, est encore très loin. »
En concurrence avec Idrissa Ogodjo, Fatao Alassani Dida, Yorgan Agblemagnon et Fadil Soumanou à l’époque, il va progressivement perdre sa place de titulaire mais les trois autres n’ont pas non plus saisi l’opportunité de le remplacer. C’est ainsi que le staff de Claude Le Roy a prospecté pour tomber sur la perle rare à Lyon.
Malcolm Barcola, le binational
Le 6 septembre 2019, Bassa Djeri Sabirou va disputer son dernier match dans les buts du Togo à l’occasion des préliminaires de la Coupe du monde 2022 face aux Comores (1-1) à Moroni. Depuis, il n’a plus été rappelé alors qu’il excelle depuis 2020 à Enyimba (Nigeria) et n’a pas annoncé sa retraite internationale. Néanmoins, le Togo avait déjà son remplaçant sous la main avec Malcolm Barcola, doublure d’Anthony Lopes à Lyon qui va fêter sa première sélection avec le Togo le 10 septembre 2019 face au même adversaire (Comores) lors de la deuxième journée (victoire 2-0). Celui que le public de Kégué découvrait va se faire tout de suite plusieurs admirateurs avec sa belle qualité de jeu au pied, ses sorties aériennes rassurantes, une prise de balle intéressante le tout chapeauté par un clean sheet.
Contrairement à Bassa Djeri Sabirou, lui va rester n°1 des Éperviers jusqu’au 12 octobre 2021 (victoire 2-1 à l’extérieur contre le Congo Brazzaville) à part le rassemblement de mars 2021 qu’il a manqué. Mais Djehani N’guissan qui a fait les deux matchs contre les Comores (0-0) et le Kenya (défaite 1-2) en éliminatoires de la CAN 2023, avec Adry Kossi Agbeko (ex-Dyto) et Hervé Gbenyon (ex-Gbohloesu) sur le banc, n’a pas tenu longtemps. En revanche, le départ de Barcola de l’OL pour chercher un meilleur temps de jeu ailleurs n’aura pas été un pari réussi et il va commencer à partager son poste de titulaire avec Wassiou Ouro-Gneni jusqu’en septembre 2022 avant que ce dernier ne prenne le pouvoir en mars 2023.
Wassiou Ouro-Gneni installé par Paulo Duarte
Pour remplacer Malcolm Barcola dont la situation en club n’était plus idéale à sa sélection en équipe nationale, Paulo Duarte et son staff ont déniché à l’ASCK Wassiou Ouro-Gneni qui a rejoint le club de Kara en provenance de l’AS OTR. Ce dernier va faire ses grands débuts (en match officiel) le 24 mars 2023 contre le Burkina Faso et n’a pas été rassurant, commettant une grosse bourde qui a permis aux Étalons de l’emporter (1-0) au Maroc. Lors du nul (1-1) à Lomé, Ouro-Gneni n’était pas non plus irréprochable. Malgré son mètre 85, il n’a jamais rassuré dans les airs et ne tiendra pas longtemps puisque déjà en septembre, Wassiou Ouro-Gneni va perdre sa place au profit de Steven Mensah avant même de retrouver un nouveau club, Tambo FC en octobre 2023.
Steven Folly Mensah, la dernière trouvaille
Le 10 septembre 2023, les Togolais ont découvert un nouveau visage dans les buts des Éperviers : Steven Folly Mensah. Le gardien de 23 ans a fêté sa première sélection en match officiel face au Cap-Vert dans un match – sans enjeu des éliminatoires de la CAN 2023. S’il a encaissé deux buts (victoire 3-2) du Togo, il a quand-même montré de belles choses qui ont convaincu le staff de Paulo Duarte à l’installer comme nouveau n°1. Place qu’il n’a plus perdu jusqu’ici avant sa blessure à l’épaule qui l’a obligé à la céder à Wassiou Ouro-Gneni , préféré à Fabrice Kagbatawouli (ASCK) pour son expérience face à la République Démocratique du Congo (RDC) lors de la 4e journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 (défaite 1-0). Auteur d’une nouvelle sortie approximative, le gardien de Dynamo FC (Bénin depuis février 2024) n’a pas prouvé qu’il peut détrôner Mensah que l’on devrait retrouver en septembre à sa position de n°1 pour les éliminatoires de la CAN 2025.
Dans tout ce lot, il n’y a que Malcolm Barcola qui a tenu trois ans en tant que gardien n°1 des Éperviers. Et là encore, c’est bien loin de la longévité de Kossi Agassa qui a occupé ce poste de 1999 à 2017. En jetant un coup d’œil sur la carrière de tous ceux qui ont essayé de le remplacer jusqu’ici, un constat implacable se fait : les gardiens togolais n’ont pas une situation stable dans leurs clubs. Ce qui oblige le sélectionneur à chercher un nouveau à chaque rassemblement ou presque. Est-ce un manque de qualité pour faire face à la concurrence ? En tout cas, les Togolais espèrent que Steven Folly Mensah va continuer à performer et que d’autres gardiens vont émerger et surtout réussir à s’imposer sur la durée dans un championnat étranger pour que la cage des Éperviers retrouve de la stabilité, gage de solidité défensive pour toute équipe.